Planter des arbres #3 – La plantation du siècle à Nantes

par | 12 Avr 2019 | 0 commentaires

Planter des arbres est une action simple en soi, mais qui peut changer les choses profondément.

 

Jean Giono, dans sa célèbre histoire « L’homme qui plantait des arbres », écrivait à merveille le récit d’un homme qui seul posait des graines dans le sol pour faire pousser le futur. C’est donner un avenir aux enfants. C’est un acte plein d’espoir qui fera pousser des arbres et en émergeront des forêts. Planter une graine dans le sol, c’est aussi planter une graine dans les esprits. C’est prouvé : nous nous sentons mieux au contact de la nature. Les interactions sont plus apaisées, plus saines et plus nombreuses. Planter des arbres c’est redonner la joie, le sourire et retrouver le lien humain que nous avons perdu dans les villes. C’est redonner de la couleur aux visages et aux paysages. C’est nourrir la population et aussi murir des réflexions.

Samedi 16 mars 2019, femmes, hommes et enfants, ensemble, nous avons planté simplement des arbres à Nantes. Nous étions 200 à s’affairer autour d’un espace vert, pour chacun prendre part à cette plantation géante d’arbres fruitiers et de fleurs de multiples couleurs. Nous disons que nous sommes individualistes et impatients, mais quel plus beau message que de planter des arbres dans la ville ?  Nous plantons pour nous faire du bien à l’instant présent, des fruits qui pourront être mangés par n’importe qui dans le futur. Nous avons enlevé de chez nous des choses que nous pensions qui nous appartenaient et nous les avons offertes pour le bien commun. Par cet acte altruiste nous démontrons que le vivant n’appartient à personne.

Demain nous savourerons avec nos enfants le fruit de notre action. Qui ne rêve pas d’une ville où nous pouvons cueillir une pomme, une poire, une prune…? Nous avons des arbres, mais qui ne donnent rien, et pourtant des gens vivent dans la rue, sans pouvoir manger à leur faim. Alors cette plantation ne résoudra pas tous les problèmes, mais elle a le mérite de proposer une solution. Ce n’est pas une fin mais le début d’une nouvelle ère, plus heureuse, plus humaine, en tout cas je l’espère.

Jean Giono ne s’était pas trompé, planter des arbres permettrait de changer les esprits, de donner de l’espoir là où il n’y en a pas beaucoup. C’est croire en l’avenir et faire en sorte qu’il émerge.

 


Le lundi suivant, au matin, les plantations ont disparues, laissant seulement place à des trous béants…

J’avais écrit un texte rempli d’amour et d’espoir concernant la Plantation du Siècle et tu as réussi à transformer l’espoir en colère et l’amour en haine.

Je tiens à te dire bravo, parce que tu ne peux pas faire pire. Nous étions 200 jeunes dans l’esprit, 200 à prendre notre destin en mains, 200 porteurs d’espoirs, 200 qui ne baissent pas les bras. Je te déteste tellement toi et ton monde, ce vieux monde qui doit disparaître, ce vieux monde autoritaire qui croit que la terre lui appartient. Ce vieux monde qui ne se rend pas compte qu’il anéanti à la fois le vivant, l’espoir et l’amour.

J’espère que tu t’en veux, toi qui a enlevé des centaines d’arbres et d’arbuste. J’espère que tu t’en veux parce que ça te rendrait plus humain. Tu avais 10 500 étudiants et lycéens dans la rue qui ont manifesté pacifiquement, j’ai fait partie des gens qui ont fait en sorte qu’il n’y ait pas de débordement.

Tu avais 200 personnes qui se sont rencontrées pour la première fois pour planter des arbres. Tu avais 3000 citoyens de plus qui ont manifesté pacifiquement dans la rue pour que tu ouvres les yeux. Tu avais 300 000 citoyens partout en France qui ont hurlé que le climat c’est le plus important. Mais comme l’autruche, tu as mis ta tête dans le bitume pour ne rien entendre et ne rien voir… Tu détruis le vivant et tu ne t’en rends même pas compte. Comment tu peux penser une seule seconde que tu avais le pouvoir de tout détruire ? C’était un espace vert, aussi pauvre que ton âme. Nous avons remis de la couleur et de la joie sur un endroit triste et mort. Tu as préféré garder l’ordre mortel que le désordre vivifiant.

Qu’est-ce que tu as à donner comme excuse ? J’espère que tu en a une bonne pour m’apaiser. Comment tu t’es senti, toi, à donner les ordres pour détruire ? Et toi, qui a détruit ? Étais-tu joyeux ? Est-ce que tu riais ? Nous nous l’étions… J’espère que tu as pleuré de tout ce massacre. Je le sais, tu dormiras bien cette nuit, mais sache que moi je ne dormirai pas bien. Moi qui pensais que la ville favorisait les initiatives citoyennes, moi qui n’avais entendu que des louanges sur la politique de la ville concernant les espaces verts, moi qui pensais que la ville voulait débattre.

Quelle illusion ! Tu représentes le monde que je veux voir disparaître, je ne sais pas quel âge tu as, mais tu es vieux dans ton âme, tu ne laisses aucun espoir aux générations futures. Si tu veux apaiser les esprits c’est raté, si tu veux radicaliser tu as tout gagné. Tu es déterminé à rester dans ce mode de pensée autoritaire où tu détruis les initiatives collectives, où tu penses avoir le pouvoir. Pourtant, tu as toujours le choix puisque tu peux désobéir ou te conformer. Sache que certains se sentiront encore plus impuissants et d’autre encore plus convaincus qu’il est nécessaire de lutter contre toi… Tu avais milles façons de faire ça différement, mais tu as choisi la pire des façons… Celle sans dialogue, sans annonce, en cachette…

J’étais en colère et le fait d’écrire m’apaise..

Yohan

Ecolo, militant, determiné à changer le monde et en quête de sens
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