Disons-nous la vérité

par | 12 Juin 2019 | 0 commentaires

Les espèces animales vont peut-être disparaître et nous en sommes responsables !
J’ai réalisé cette vidéo après le visionnage d’une vidéo sur l’élevage en batteries de poules. Même si j’étais déjà conscient de toute la souffrance qu’engendre notre mode de consommation, voir ces images me touche profondément.

D’abord parce qu’en ce moment plusieurs études et tribunes mentionnent le fait que nous sommes rentrés dans la 6ième extinction de masse et que la disparition des espèces devient vraiment préoccupante. Le rapport de l’IPBES (Nations Unies) a été publié et son constat est dramatique : l’humanité provoque un effondrement sans précédent de la biodiversité. La littérature a déjà qualifié notre ère d’Anthropocène, c’est à dire l’ère ou l’Homme est devenu assez puissant pour avoir un impact significatif sur les changements climatiques. Personnellement je préfère parler de Capitalocène, qui signifie que c’est la capitalisme qui engendre ces catastrophes et non l’humain en tant que tel.

Au-delà de l’image du Panda de Chine ou celle de l’Ours blanc, ces disparitions en entraineront d’autres par effet domino. Aujourd’hui, à la campagne et dans nos champs le son des oiseaux ne se fait plus entendre à cause des diminutions des espaces sauvages et des pesticides qui détruisent l’existence de leur nourriture : les insectes. Dans nos régions, les populations d’abeilles diminuent et mettent en péril la pollinisation de nos fleurs, de nos fruits et de nos légumes. Le changement climatique risque de poser problème aux espèces les moins robustes et les moins mobiles.

Ensuite, voir comment nous traitons des êtres vivants comme les poules, les cochons, les vaches et même des fois les chiens, me rend triste. Pour moi, ce n’est pas parce que nous les mangeons que nous pouvons les traiter ainsi. Nous sommes collectivement des monstres, parce que nous avons laissé faire, sans rien dire et que nous laissons toujours faire.

On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux

Ghandi

 

Pour finir je suis touché parce que je me sens impuissant face à l’inaction des autres. Nous avons tellement de problèmes : démocratique, d’égalité, de richesse, d’écologie, et j’ajoute la répression et le mépris des puissants… À la fin, ce mélange de colère et de tristesse donne cette vidéo.

J’ai envie que chacun de nous regarde dans les yeux ces animaux et nos enfants. En les fixant ainsi, je rentre dans leur être. Une transmission s’opère et l’innocence de ces personnes face à nos responsabilités de pays moderne me saute au yeux. Malgré mon activisme, malgré mon envie d’autre chose, je me sens responsable de leur malheur. Je ne suis pas responsable individuellement, mais je pense que nous sommes tous responsables collectivement parce que nous avons les moyens de changer les choses, mais nous n’en prenons pas la direction. Alors je les regarde, et j’essaie de répondre sans détourner les yeux à cette question : « Est-ce que j’ai fait tout ce que je devais pour éviter que tu disparaisses ? ». Quelle est ta réponse ?

« Oui, je fais tout ce que je dois faire. »
« Non, c’est difficile mais je fais ce que je peux. »
« Non, je n’y arrive pas, je n’ose pas me lancer, je ne sais pas par quel bout commencer, j’ai besoin d’aide. »
« Non, mon confort de vie actuel n’est pas négociable. »

À présent, seuls des changements radicaux pourront éventuellement enrayer ce déclin.

 

Changement radical

Être radical ce n’est pas détruire, ce n’est pas casser, ce n’est pas manifester, ce n’est pas bloquer. Radical c’est trouver la racine du problème pour le résoudre définitivement. Si la BNP a bien arrêté le financement du gaz de schiste, c’est la Société Générale qui a repris le flambeau. Nous avons gagné la bataille avec la BNP, mais le problème persiste… Ce n’est pas plus radical que de casser une vitrine parce que ça ne change pas le problème, elle sera reconstruite et le magasin restera sur place.

L’Angleterre et l’Irlande viennent de déclarer le pays en état d’urgence climatique, la ville de Strasbourg également. Est-ce une déclaration contraignante, est-ce radical ? Non, c’est symbolique. Mais ce symbole nous donne plus de poids pour agir. Enfin nous l’espérons !
Vincent Verzat, dans une de ses vidéos, dresse un bilan des mouvements écolos. Et force est de constater que nous n’avons pas réussi à changer le monde.
Mc Donald’s a le temps de changer, Coca Cola continue d’exploiter des zones au détriment des peuples locaux, les multinationales continuent de détourner les bénéfices, Vinci pollue les cours d’eau…
Les mouvements militants à travers les marches, les actions de désobéissance civile, le boycott, les procès… n’obtiennent que très peu de résultat. Ces résultats sont faibles et ils sont sans cesse scandés pour montrer qu’on avance. En face de nous, nous avons des machines de guerre avec de l’argent illimité et aucune éthique. Je fais ce triste constat, notre impuissance me saute aux yeux, nous fuyons vers un monde de merde pour ne pas se faire violence immédiatement.
Que pense la jeunesse ? Que pensent ceux qui sont dépossédés de leur futur ?

 

Nous, militants, luttons pour le bien de tous, pour le futur, mais notre mode de vie nous empêche d’être radicaux. Parce que nous avons beaucoup trop à perdre, parce que nous voulons rester en ville, parce que nous dépendons encore trop du système et surtout parce que nous avons une morale, une éthique… Nous ne voulons pas brusquer pour avoir la population et les médias de notre côté. Notre mode de vie a beaucoup changé, le vrac, l’occasion, l’échange, la réparation, le jardin, la permaculture, la CNV… Mais nous ne sommes pas encore prêts à vivre réellement de manière responsable. Vivre comme nous l’entendons et le prônons nous mettrait à la marge, alors qu’aujourd’hui nous pouvons nous confondre dans la masse.

Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux

Étienne de La Boétie

Changer ?

Mais la tâche est ardue parce que même les structures militantes, prônant un mode de vie alternatif, ne sont pas capables de mettre en place des outils de gestion des conflits et des outils de gouvernance partagée efficaces. Nous ne sommes pas capables d’accueillir les nouveaux à la hauteur de leurs espérances et nous ne sommes pas capables de transmettre efficacement. Nous ne sommes pas capables de prendre soin de nous, et nous essayons de prendre soin de la planète et des autres. Nous ne sommes pas capables de nous remettre en question et nous fonçons droit dans le tas sans comprendre nos échecs. Je suis dur, parce qu’en réalité nous y travaillons, mais le chemin est long et difficile. Notre éducation centrée sur la compétition refait toujours surface, prendre soin des uns et des autres n’est pas si facile. Nous n’arrivons pas à prendre assez de recul, à prendre de la hauteur, à faire des bilans, à débattre des sujets importants.
Nous partons bille en tête dans toutes les directions, et si notre collectif choisi une stratégie, un autre collectif va en choisir une complètement différente. La convergence des luttes n’est pas encore possible à cause de nos égos et surtout à cause de notre manque de temps et de communication.
Le constat n’est bien-entendu pas si noir, nous avançons dans ce que nous souhaitons, mais le chemin est plus ardu que ce que l’on pourrait croire. En fait ce chemin nous ne le faisons pas pour nous, peut être que notre génération est perdue, à cause du système qui est trop bien ancré en nous. Peut-être nos enfants ou nos petits enfants y arriveront plus facilement.

 

Travailler ensemble, encore plus loin

 

Nous expérimentons le collectif dans nos associations, mais il faut aller plus loin et faire des collectifs de collectifs. Nos points de convergence font nos forces.
Je pense que nous ne pouvons pas être radicaux si nos organisations militantes restent en solo. Les campagnes doivent se faire en collaboration avec 5 ou 10 associations, en respectant la diversité des modes d’actions de chacun pour réaliser notre objectif. Nous organisons des villages des alternatives, des rencontres entre citoyens et associations, mais les associations ne se connaissent pas les unes les autres…

Nous pensons trop régulièrement à Paris pour gagner des batailles en pensant que ça va ruisseler en province, mais les lieux de décisions devraient être les localités, les communes. Je suis convaincu que nous devons être désobéissants dans nos mairies pour espérer faire changer les choses. Nous devrions reprendre le pouvoir sur nos communes pour distribuer ce pouvoir aux citoyens. Mettre en place des assemblées citoyennes, mettre en place un nouveau système démocratique personnalisé à chaque commune. Ne plus laisser notre souveraineté à des élus qui veulent tout diriger.
Mais est-ce-que ce sera suffisant ? Changerons-nous le système ?

Et si demain, on se retrouvait tous dans la salle du conseil de la mairie pour rédiger notre constitution, pour rédiger les textes relatifs à la commune. Si nous investissions ces zones de pouvoir et y restions jusqu’à ce que les élus nous écoutent et mettent en place un vrai conseil citoyen tiré au sort. Et si tous ces évènements nous les filmions pour montrer ce dont nous sommes capables.
Gilets jaunes, écolos : la convergence avec des résultats se passera si nous désobéissons ensemble et si ensemble nous faisons le monde de demain où le citoyen ne se laisse plus faire !

Yohan

Ecolo, militant, determiné à changer le monde et en quête de sens
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