Système et cercle restauratif
Les cercles restauratifs s’inscrivent normalement dans une démarche et une organisation où nous avons au préalable réfléchi à un « système restauratif ». Ce système est créé par la communauté pour imaginer comment nous allons prendre soin de nous au quotidien et comment nous pouvons résoudre les conflits. Les conflits et les tensions ne doivent pas être vus comme quelque chose de négatif mais plutôt comme un cadeau fait au collectif pour s’améliorer.
Selon l’Université du Nous, un « nous » passe forcément par plusieurs étapes pour être mature : il y a d’abord le « nous symbiotique » des premières rencontres et échanges durant lesquelles nous nous aimons tous et tout se passe bien. Vient ensuite le « nous conflictuel » qui arrive avec les premières tensions. Si le « nous » survit, il aura montré sa solidité et il sera alors considéré comme mature. À chaque nouvelle entrée, le « nous » pourra aborder plus sereinement les conflits et les tensions.
Dans plusieurs des collectifs nous avons déjà un système restauratif mais incomplet. Nous avons par exemple des outils de communication non verbale, l’utilisation de la météo intérieure… il nous manque je pense des moments de résolution de conflit et surtout des moments de discussion pour de vrai et d’écoute.Je pense que les cercles restauratifs pourraient nous aider à y voir plus clair.
Il faut tout de même savoir que c’est le processus le plus long parmi toutes les méthodes de résolution de conflit, donc à utiliser avec attention pour ne pas s’épuiser. Il existe bien d’autres outils de résolution ou de prévention pour éviter les conflits larvés.
Dans un établissement scolaire, on sait qu’à un moment les personnes vont avoir faim. On n’attend pas qu’il soit midi pour construire une cantine. Et on trouve normal qu’une cantine existe, même si elle ne sert pas tout le temps. Dans toute communauté, il y a forcément des conflits. Installer un système restauratif, c’est prévoir un espace, une structure qui permet de vivre les conflits quand ils se présentent.
Comment se passe un cercle restauratif :
D’abord, il y doit y avoir une demande claire faite par un membre de la communauté avec l’envie de faire appel à un cercle restauratif pour un conflit avec une personne ou plusieurs personnes. Cette personne, je vais l’appeler le « receveur » de l’acte, même si tout le monde peut faire appel à un cercle même s’il n’est qu’observateur d’un acte. Le facilitateur qui reçoit la demande va alors préparer un avant-cercle en allant écouter le receveur qui en fait la demande. Suite à cette écoute, il va lui demander : qui il aimerait voir venir au cercle restauratif et pourquoi. Le facilitateur lui demande également s’il est d’accord pour participer au cercle et si c’est toujours pertinent pour lui.
Suite à cette première discussion avec le « receveur » de l’acte, le facilitateur va rencontrer toutes les personnes que le receveur veut voir venir au cercle. Il va demander à chaque personne ce qu’elle a à dire par rapport à la demande de X (il donne le nom de la personne qui initie le cercle). Le facilitateur ne précise pas les reproches du receveur pour laisser libres les personnes de s’exprimer. Ensuite le facilitateur demande à chacune des personnes si elle veut participer au cercle et qui, selon elle, aura besoin d’être présent.
Une fois cette étape d’avant-cercle terminé, il y a la convocation au cercle. Dans le cercle, chacune des personnes à la même responsabilité. Le facilitateur ne porte pas plus que les autres le poids de la réussite ou non du cercle.
Pendant le cercle, le facilitateur met la balle au centre pour celui qui veut prendre la parole. Cette personne peut être n’importe qui.
- Cette personne s’appellera A et il va pouvoir dire ce qu’il a à dire à une personne B : pas besoin de connaître la CNV (Communication Non Violente) pour discuter lors d’un cercle.
- À la fin de cette prise de parole, le facilitateur va demander à B de reformuler ce qu’il a entendu de A.
- Ensuite le facilitateur demande à A si c’est bien ce qu’il avait dit.
- Si c’est non, le facilitateur demande à A de préciser ce qu’il voulait dire, puis il va faire reformuler par B et faire valider par A jusqu’à ce que A lui réponde : « Oui c’est bien ce que j’ai dit ».
- Ensuite le facilitateur demande à A s’il a autre chose à rajouter pour B : si oui on reprend, si non, le facilitateur remet la balle au centre et on recommence l’aller-retour avec d’autres personnes.
- Une fois que tout a été dit, le groupe va imaginer un plan d’action pour consolider la restauration.
Le cercle s’arrête quand tout est dit et pas avant. Il n’y a pas de temps prédéfini pour le cercle. Les gens restent s’ils ont envie ou partent mais le cercle continuera sans eux. Ils peuvent revenir à tout moment. Un cercle peut durer une journée si les conflits sont là depuis un moment, et 2 heures si c’est moins grave.
Il sera sûrement convenu à la fin du cercle de faire un après-cercle pour faire le bilan des actions et les ajuster.
Encore bravo et merci pour cette réflexion.
Ces cercles restauratifs sont vitaux. S’ils existaient dans la famille, la famille élargie, les voisin.es, ami.es, connaissance.s, etc… qu’est-ce que les gens en baveraient, mais au fur à mesure des heures, jours, mois, années seraient heureux !
Cette méthode de communication est très très bien. Etre à l’écoute. J’ai eu la chance de faire des formations à “Ecoute 1” – “Ecoute 2” – “Savoir dire non”, entre autres avec Véronique LEJEUNE. Une formatrice hors pair !
Il est vraiment nécessaire de se mettre à l’écoute, qui, vous le savez, n’est pas une attitude naturelle. Nous avons, j’ai tendance que je ne suis pas à l’écoute, à dire ah ben moi, ce que vous me dites, eh bien je l’ai vécu aussi, je n’aurais pas fait la même chose que vous, ou alors ben dites donc, vous n’avez vraiment pas de chance… Blabla
Vous privilégiez cette méthode entre vous dans votre Communauté. Bravo. Vous semblez avoir entre 20 et 35 ans. Eh bien, vous avez déjà fait un sacré chemin !
Vous devez morfler. Pas facile de s’entendre dire des vérités qui font mal… Normal, quand on appuie et que ça fait mal, c’est qu’il y a quelque chose de profondément ancré, non vu, non réalisé, non évoqué, non “traité”… Quand ça sort ça fait pleurer, chialer… Mais l’après, c’est le bonheur.
La connaissance de soi, tjs en action, en recherche, amène le bonheur. Le bonheur se partage loin, plus loin que l’on croit… Parfois, on ne sait même pas jusqu’où il va, vers quelle personne, quelle contrée, quel pays, quel oiseau, quelle fleur, quel chat ou quelle chatte ?
Encore BRAVO et MERCI