Gloire aux pangolins

par | 29 Mar 2020 | 0 commentaires

Journal d’un con-fini

Me voilà pratiquement confiné, et j’ai donc du temps, derrière mon écran, pour lire, commenter, réfléchir à la situation. Chaque jour, j’apprends de nouvelle chose qui m’énerve. L’incompétence du gouvernement, les mensonges des ministres et de la porte parole, les procès d’intentions des éditorialistes et des pseudo experts…
Pendant cette crise, je pense que c’est important de continuer de critiquer et d’analyser les erreurs faites par les autorités, tout en faisant en sorte de s’unir derrière les gestes et le confinement. À la fin nous ne devrions pas oublier de demander des comptes à ceux dont la responsabilité est criante.

Un ancien collègue, en décembre, m’avait dit que dans la schère des voyants/astrologues, Macron devrait subir un revère ce printemps (démission…). Aujourd’hui on bosse ensemble pour sortir de la pandémie, demain on fera tout pour qu’il rende des comptes.

Le pangolin

Si je passe en mode humour 30 secondes avant de démarrer : je pense que ce virus a été créé de toute pièce par une ONG écolo végane.
Effectivement, ce serait le pangolin le porteur de ce virus. C’est un animal ultra braconné par les Chinois vendus sur les marchés de Wuhan pour les vertus médicinales présentes dans sa viande et dans ses écailles. Sa zone de vie à l’état sauvage se réduit drastiquement comme celle de nombreux animaux sauvages et il est proche de l’extinction.
Est-ce que la Terre, pour se défendre de l’espèce humaine, aurait développé un antivirus contre son virus ? À méditer.

La Corona et le virus.

Alors, l’épidémie de Coronavirus a touché le monde de plein fouet. En réalité, il a surtout touché le monde, “civilisé”, et s’est propagé grâce à la mondialisation. Bon, il faut dire que concernant l’Afrique nous n’avons pas de données très fiables vu qu’il n’y a que 2 labos de dépistage dans tout le continent. C’est notamment grâce aux tourismes et aux commerces qu’il a pu se propager aussi rapidement. Mais en France, comme au temps de Tchernobyl, les frontières auraient dû l’empêcher de nous contaminer.

Pourquoi n’a-t-on pas vu venir ? J’imagine que c’est dû à la haute estime que nous avons de nous-mêmes et la basse estime que nous avons des Chinois. Ce serait en quelque sorte un racisme anti-chinois. Les Chinois n’ont pas un système de santé aussi perfectionné et efficace que le nôtre. Notre gouvernement plus démocratique est plus lucide. Maintenant que nous sommes en confinement, force est de constater que ce virus a passé les Alpes.. de plus, à l’heure ou j’écris : le 28 mars, l’Italie et l’Espagne comptent plus de morts que la Chine. Edit du 3 avril : les chiffres chinois sont largement sous estimés.

Pourtant selon plusieurs personnes, l’épidémie de COVID-19 est “banale”selon cet anthropologue : http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/24/covid-19-the-game-is-over-305275.html

Pourquoi est-elle banale et pourquoi nous imaginons l’inverse ?
Les problèmes respiratoires dans le monde font 2 600 000 de morts par an. Avec le COVID nous en sommes à presque 50 000 au bout de 4 mois. Si nous traitons la grippe saisonnière, les cancers, la pollution atmosphérique comme nous traitons le coronavirus ça nous terrifierait surement.

En Italie 99% des personnes décédées souffraient de pathologies chroniques et l’âge moyen était de 79 ans. Ce sont surtout nos pathologies chroniques qui rendent l’infection fatale : la malbouffe, la pollution, le stress et la sédentarité sont pointés du doigt. Il y a toujours des exceptions, mais elles sont rares et le problème c’est que les médias se focalisent sur l’exceptionnel.
Les choix politiques faits en France et ailleurs en Europe font gonfler les chiffres de morbidité : très peu de personnes sont dépistées, ce qui fait un taux de mortalité qui devrait être proche de 0,3% au lieu des 4% dû au non-dépistage massif. En clair, nous ne pouvons pas nous fier au taux de mortalité. Si nous dépistons que les morts il est de 100%. Et pourtant nous savons que pour plus de 85% des cas le COVID est asymptomatique.

Pour lutter contre cet ennemi commun, nous sommes passés en mesures guerrières !

Le gouvernement communique

Dans cette crise, la stratégie du gouvernement a été d’utiliser le champ lexical de la guerre : « nous sommes en guerre », « cette bataille », « nous luttons », « médecin au front ». Cela permet de créer un sentiment d’unité pour se mobiliser tous ensemble. L’ennemi commun devient le virus et l’état d’urgence peut être annoncé plus facilement. L’objectif est de faire front commun, ensemble, et de mettre nos divisions de côté.

C’est vrai, nous’n’avons pas connu de guerre et nous avons tous entendu une phrase dans ce style : « Vous ne savez pas ce que sait la guerre ! » Ça me hérisse le poil à chaque fois ! En fait, c’est souvent pour faire taire nos plaintes, de faire avec ce qu’on a et d’accepter plus facilement les restrictions qui vont avec, les difficultés, les pertes de conforts. Avec le champ lexical de la guerre, naturellement et inconsciemment nous savons que nous allons perdre du confort, que le gouvernement va mettre en place des mesures drastiques, antidémocratiques pour lutter efficacement. Et si sa stratégie fonctionne, nous consentirons. Cela permet de créer un choc mobilisateur et ainsi pour ne pas diviser nous lui laissons les pleins pouvoirs pour lutter contre l’épidémie.

Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en épidémie et dans une épidémie nous avons besoin de nos hôpitaux, de médecins, de lits, et de matériel. Nous sommes en guerre à poil… Je pense que ces termes permettent plutôt de masquer l’incompétence du gouvernement à anticiper la crise et des mauvais choix qu’ils vont peut-être faire.

L’appel à l’union contre la division

Avec le vocabulaire guerrier, nous devons nous unir, et je pense que Macron anticipe déjà les attaques qu’il va subir du parlement, des citoyens et surtout du corps médical. Ainsi ceux qui s’opposent à Macron seront vite taxés de diviseurs de vouloir profiter de cette crise pour renverser, ou ralentir à minima les mesures à prendre en urgence. À chaque fois l’argument sera d’attendre la fin de la crise pour faire le bilan.

Sauf qu’à la fin de la crise, l’économie va devoir repartir, et elle risque de mettre du temps, ce qui justifiera la continuité des privations de liberté notamment dans le Code du travail. Quand ce sera la fin du confinement, cette privation de liberté passée nous amènera à profiter des bars, des restos, des plages du soleil et l’été va arriver. Après la crise nous voudrions passer à autre chose, la vie va reprendre et le bilan ne sera surement pas fait par la population. Mais pas des oligarques, des éditoriaux qui vont trop vite vouloir enterrer tout ça… Je pense que le bilan il faut le faire au fur et à mesure tant que c’est chaud parce que ma crainte c’est qu’encore une fois le gouvernement va s’en tirer sans rendre des comptes.

Malheureusement pour le gouvernement, il nous a tellement maltraités, surtout le personnel soignant, que déjà des voix se lèvent. Déjà nous nous organisons, nous préparons l’après et la colère risque de péter avant la fin de cette crise. Le gouvernement va devoir assez rapidement trouver une façon de nous détourner, ou nous orienter vers une autre crise ou vers un nouvel ennemi commun.

Restez chez vous, mais…

Une des directives assez claires a été de restez chez nous, mais… parce qu’il y a un, mais, nous devons restez chez nous tout en faisant tourner l’économie. C’est-à-dire qu’il faut continuer à travailler en restant chez nous. Les seules personnes qui peuvent le faire ce sont ceux qui sont cadres, chefs d’entreprises et quelques indépendants qui peuvent tous faire du télétravail… Ceux qui doivent aller bosser sur place sont les ouvriers, les caissiers, les livreurs, les personnels de ménages, soignants, les éboueurs… Donc restez chez vous permet de confiner à la maison les personnes les plus aisées et envoie au charbon ceux qui sont précaires. Ceux qui sortent se culpabilisent eux-mêmes et sont pointés du doigt par les autres. Les inégalités restent présentes et comme d’habitude le gouvernement va demander un effort aux plus précaires. De plus que fait-on des sans-abris ?

En réalité pour le gouvernement, le plus important, c’est de sauver l’économie que de sauver des vies. L’argent magique ça n’existe pas pour améliorer les services publics, mais pour minimiser au maximum les pertes des entreprises nous pouvons débloquer plus de 300 milliards. Il faut encore attendre pour sortir de l’argent pour faire des masques en quantité, pour apporter des lits, pour faire du gel hydroalcoolique, pour faire des tests de dépistage…

Mais heureusement pour pallier à l’inefficacité du gouvernement la société civile s’organise, notamment à Paris ou du gel hydroalcoolique a été fabriqué dans la rue, ou des couturières ont fabriqué des masques pour ceux qui bossent. Ces expériences nous montrent que l’état est un frein plutôt qu’un accélérateur, et que nous sommes capables de nous organiser sans lui. Serait-ce le début d’une prise de conscience vers l’anarchie ?

Qu’est ce qu’il faut faire ?

Il faut rester chez soi ! C’est clair, mais “pas la peine de porter de masque, ça ne sert” à rien dit Sibeth Ndiaye. Puis quelques jours après Macron en porte un !
“Nous ne respectons pas assez le confinement”, alors le gouvernement interdit les rassemblements de plus de 100 personnes et fait fermer les bars, restaurants, salles de cinéma, salles de spectacle, mais préfère garder le premier tour des élections municipales ! Aujourd’hui des maires sont morts, des candidats, des personnels de mairie constatent qu’ils sont malades. Voilà une des conséquences du maintient des élections, et elle nous tombe dessus 2 semaines après …
L’ancienne ministre de la Santé (Agnes Buzin) avait prévenu le gouvernement en janvier que l’épidémie chinoise aller nous toucher de plein fouet jusqu’à faire annuler les élections. Et pourtant, ça ne l’a pas empêchée de se présenter à la municipale de Paris tout en minimisant publiquement les risques du Coranavirus. Cela montre à quel point la santé des citoyens passe après leurs calculs politiciens et montre la totale déconnexion de l’exécutif.

Il faut rester chez soi, mais continuer à faire tourner l’économie. Néanmoins, l’état à fait fermer plusieurs secteurs comme le tourisme et l’événementiel, qui représentent environ 15 % du PIB. Reste chez toi, tout en faisant tourner 85 % de l’économie n’est pas possible.
36 % des personnes sont des retraités qui peuvent appliquer les mesures de confinement et qui le doivent, car ils sont à risque. Les employés et ouvriers représentent 30 %, les agriculteurs : 1,2 %, une partie des professions intermédiaires (infirmiers, enseignants, travailleurs socios…) 14 %, les artisans et les commerçants : 4,6 %. Tous ceux-là doivent travailler. Au total plus de 50 % des actifs sont priés d’aller au travail et en même temps de restez chez eux, de faire l’école à la maison et à mettre sa vie en danger, car nous n’avons pas de matériel de protection…

Des employés exercent leurs droits de retrait, d’autres se retrouvent menacés par les employeurs et le gouvernement craint pour la santé économique. Muriel Pénicaud et le gouvernement proposent aux entreprises de verser une prime exceptionnelle de 1000€ qui est défiscalisé. Cette façon de répondre illustre parfaitement la façon de penser de ces gens, qui compare une vie humaine à 1000€. Qui préfère prendre des risques humains, des risques sanitaires plus grands pour ne pas trop déstabiliser l’économie. Si encore le matériel sanitaire était présent, nous pourrions exercer dans de bonnes conditions, mais ce n’est pas le cas.

Pénuries

Une des stratégies du gouvernement aurait été de faire porter des masques à toute la population et de faire un dépistage massif comme ce qui a été fait en Chine à Taiwan… de confiner les clusters atteints. Mais au lieu de ça, comme le stock de masques n’est pas assez suffisant pour équiper tous les personnels soignants, et pharmaciens, le gouvernement par le biais de la porte-parole a inventé des excuses pour gagner du temps.

« Pas la peine de porter des masques, moi même je n’en porte pas ».

La cause de la pénurie est liée aux choix des gouvernements précédents et celui de Macron également. Faut dire que certaines personnes du gouvernement actuel étaient aussi en fonction avec Sarkozy ou Hollande. Le stock de masques n’a pas été renouvelé parce qu’à l’époque, nous avons estimé que les Chinois étaient capables d’en fabriquer en grande quantité. En fait nous sommes restés dans le prisme libéral en pensant que la mondialisation nous sauvera en cas de crise. Sauf qu’en cas de crise le système mondialisé devient très instable. Jancovici dit quelque chose comme ça : notre système actuel fonctionne très bien et est très efficace quand tout se passe bien. Mais un petit dysfonctionnement entraîne des réactions catastrophiques pour son fonctionnement, ce qui le fait inévitablement renter en crise.

 

Mais nous sommes sauvés ! Le ministre de la santé a annoncé qu’il vient (fin mars) de commander 2 millions de test de dépistage à la Chine… Normalement plus de la moitié de la population va être contaminée ce qui fait 33 millions. Nous avons besoin de faire un dépistage massif à la fin du confinement, pour éviter un nouveau confinement généralisé de la population. Pourquoi attendre aussi longtemps, pourquoi commander si peu ? Pourquoi ne pas réquisitionner des entreprises françaises pour le faire ? Là nous sommes dépendant des chinois et nous pensons les recevoir avant fin avril…

Nous apprenons également qu’un stock acheté par la France vient d’être revendu pour plus cher aux Etats-Unis sur le tarmac en Chine…  business as usual, même en temps de crise, le business prime, tout peux s’acheter…

Médiapart vient de sortir un article très critique sur la gestion catastrophique du gouvenrement et sur les mensonges d’état

 

Cette situation fait écho à la délocalisation massive de nos savoir-faire et de nos entreprises françaises à l’étranger. Pour moi cela entraîne une perte considérable de souveraineté, car lors de crise, chaque pays, dans un premier temps, essaiera de compter sur lui même, surtout si la crise est partagée dans le monde. Nous dépendons de pays lointain et nous sommes donc à la merci de l’économie d’autres pays. Comme le montre Pablo Servigne dans son ouvrage comment tout peu s’effondrer, nous avons un système mondialisé qui est extrêmement interconnecté et non résilient. Une pichenette à un endroit peut facilement détraquer le système économique, le système sanitaire, les démocraties… Si ça touche l’énergie et plus précisément le pétrole, nous vivrons une crise monumentale appelée effondrement.

Aspiration de nos données

 Une de mes peurs c’est que les chinois ont un système de traçage ultra perfectionné. Avec l’identification des personnes via les caméras et les algos. Certaines personnes avancent que c’est cette traçabilité qui les fait aller plus vite. C’est peut être réel, et je crains pour nos libertés. Le gouvernement risque de mettre en place ce genre de mesure en nous argumentant que c’est pour être plus efficace lors de la prochaine épidémie.

Le vocabulaire… à tirer par les cheveux

Macron vient de lancer le plan « résilience »… Encore une fois, il travestit le vocabulaire pour le dénué de tout sont sens. Comme l’imagine Orwell dans 1984, l’état appauvrit le vocabulaire et change le sens des mots. Depuis peu, nous parlons de plan de sauvegarde de l’emploi pour parler de licenciement massif, nous parlons de précaire, de démunis pour ne pas parler d’oppresseur et d’opprimé et ainsi enlever le rapport de force. On parle de collaborateur et non de salarié pour changer le rapport hiérarchique…

Pendant la crise Macron parle de résilience pour agir en tant de crises… La résilience aurait été d’avoir des producteurs de masques en France ET en Chine… d’avoir des hôpitaux fonctionnels et pas sous perfusion, d’avoir des financements pour les services publics, de laisser le pouvoir aux municipalités en donnant du budget plutôt qu’à l’état… être résilient c’est faire en sorte de subvenir à un besoin avec plusieurs ressources différentes, et qu’une ressource réponde à plusieurs besoins.

Dans les écolieux nous parlons de résilience quand pour subvenir à nos besoins alimentaires, nous plantons, des tomates de plusieurs variétés, des pois, des haricots, des courgettes, des concombres, des poireaux, des choux, des courges… Bref une variété assez grande de légumes pour être sur de manger de façon diversifiée et quand cas de maladie sur une espèce, seule cette dernière est touchée. Pareil pour la gestion de l’énergie, être résilient, c’est d’utiliser le photovoltaïque, l’éolien, l’hydraulique… ainsi nous font face à l’éventualité qu’une des ces solutions soit en panne ou ne fonctionne pas bien en fonction de la météo !

Changer le vocabulaire fait changer le sens des mots et en conséquence ça limite notre pensée. Souvent c’est quand je mets des mots sur quelque chose que j’en prends conscience.

Les hôpitaux

Cette crise montre à quoi nous mènent les politiques publiques économiques des différents gouvernements de Chirac à Macron. Penser les services publics comme une entreprise rentable a eu pour conséquence la surcharge des hôpitaux et la pénurie de matériel. La difficulté pour les hôpitaux c’est l’extrême dangerosité pour une faible partie de la population. Il faut détecter le virus rapidement pour éviter les soins intensifs. Mais comme le dépistage ne se fait pas systématiquement, trop souvent on le sait que trop tard. Le graphique montre le nombre de lits en soins intensifs et son évolution. C’est révélateur des politiques passées et peut expliquer en partie la difficulté. Avec la surcharge de patient, j’ai l’impression que les soignants n’ont d’autre choix que de traiter tard les personnes malades.

Pourtant,  depuis plusieurs années des personnes ont alerté sur le manque de moyen. Le gouvernement faisait la sourde oreille ou répondez de manière cynique et violente : « l’argent magique ça n’existe pas ». Aujourd’hui, nous sommes en plein dans la crise et je ne sais même pas s’il en a conscience… Pourtant 150 médecins ont claqué la porte depuis le début du quinquennat. Pourtant les personnels sont allés manifester pour interpeller et faire que ça change. En retour ils sont se sont fait gazer par les forces de l’ordre. Le plus ironique c’est qu’ils vont sûrement être soignés par ceux qu’ils ont gazés.

Les soignants font leur job. Comme ils peuvent, à bout de nerfs, fatiguer…  sous la peur. Certains meurent par manque de protection. Ils devraient tous avoir la Légion d’honneur qu’il soit mort ou vivant et le gouvernement devrait dans la foulée démissionner…  Sinon cette légion n’aurait aucune valeur.

 

Je me pose une question : qu’est ce que l’état va faire des millions de € pris dans la poche des plus précaire, lors des contrôles de confinement ? Est-ce que l’argent ira aux médecins ?

 

Le capital

L’état oblige la population entière à rester confinée pour éviter la propagation du virus. Il exige que les salariés travaillent dans les entreprises pour faire tourner l’économie, mais se les employer exercent leurs droits de retrait les ministres les insultes, les traites de fainéants.

Bruno Le Maire quant à lui dans un tweet, conseil aux actionnaires des entreprises de ne pas prendre trop de dividende cette année pour soutenir l’économie réelle.
Deux choses : d’abord il admet que les actionnaires ne participent pas à faire tourner les entreprises et donc reconnait que ce sont les salariés qui le font. Deuxième chose :  il n’y a pas de mesures contraignantes ni de sanction pour le capital. Pendant que nous n’avons pas le choix, sous peine d’amende sévère, les actionnaires font ce qu’ils veulent. Total s’en moque puisqu’ils verseront la totalité des dividendes, c’est la même chose pour la Société Générale.

Pourtant en 2019, les chiffres sont excellents, du moins ceux de la bourse et des grandes fortunes.
Les dividendes ont augmenté de 3,5 % soit 1430 milliards de dollars. La France est un des meilleurs verseurs de dividende avec une augmentation de 1,3 % soit 63,9 milliards de dollars de dividende.
Bernard Arnault quant à lui, a augmenté sa fortune de plus de 32 milliards de € pendant que ces entreprises défiscalisent massivement de quoi ne pas subvenir aux besoins de la nation. Mais finalement sa grande bonté n’a d’égal que son argent, puisque LVMH fabrique du gel hydroalcoolique.

Le PIB augmente, mais l’argent ne ruisselle plus. Les premiers de cordée ont coupé la corde.

Nationalisation/Réquisition

Pendant les crises, revient sur le tapis la question des privatisations et des nationalisations ?

Pourquoi privatiser “Aéroport de Paris” et la “Française des jeux” alors que cette entreprise gagne de l’argent et donc remplit les caisses de l’état ?

C’est vrai que les plus fortunés, donc les actionnaires pourraient gagner plus après la privatisation. Dans une économie libérale, quand un service public va bien, on a deux choix : soit on le privatise pour enrichir des riches amis, soit on le détruit en baissant les effectifs, en baissant les budgets, et puis de crier “le chien à la rage”.

Exemple avec les universités : nous savons 20 ans à l’avance combien de personnes vont y rentrer, puisque nous suivons les naissances. Nous pouvons donc anticiper. Si 10 % d’enfant de plus naissent, on peut facilement imaginer que 10 % d’étudiant en plus vont rentrer à l’université. On pourrait construire d’autres universités, on pourrait ouvrir des classes, embaucher des profs. Mais non ! À la place nous ne faisons rien et quand il arrive le moment fatidique des classes pleines, nous faisons du tirage au sort. Ce qui est naturellement scandaleux.  Pour y pallier, nous allons faire la place belle à une sélection à l’université. L’université qui est gratuite et accessible à tous va progressivement devenir élitiste et accessible à ceux qui ont de l’argent. Les inégalités ne sont pas résorbées par notre système éducatif. Dis autrement : un riche à plus de chance de faire des longues études qu’un pauvre parce qu’un riche aura des meilleures notes et rentrera en école supérieure plus facilement.

De l’autre côté, quand le pays va mal, quand une entreprise va mal, l’état se demande s’il ne faudrait pas la nationaliser pour supporter les pertes et donc par la même occasion faire payer tous les contribuables. C’est louable, mais ça va toujours dans le même sens. Quand ça va bien on en fait profiter les actionnaires et quand ça va mal on en fait profiter les plus en difficultés à travers les impôts et les politiques d’austérité.

Pour finir de nous enfoncer, l’état n’emprunte pas à la banque centrale, mais à des banques privées avec des taux d’intérêt non nuls. Alors nous allons subir dans quelques années des réformes d’austérité pour rembourser des milliards de € qui ont servi à limiter les pertes économiques et in fine nous allons enrichir les banques que nous avons sauvées plusieurs fois de la faillite.

Code du travail…

Pour minimiser les pertes économiques, le gouvernement va changer le Code du travail. Et c’est en effet une des premières choses qu’il a faites à travers les ordonnances que le parlement lui a octroyées.

C’est normal que nous laissons faire, les Français sont sous le choc. Nous sommes sous le choc, mais c’est à cause de l’incapacité de nos politiques à anticiper. Nous sommes donc consentants à donner les pleins pouvoirs au gouvernement pour nous sortir de là. Sauf qu’au lieu de commander des masques, du gel, d’organiser le dépistage, il légifère sur les amendes, voir ajoute des peines de prison pour non-respect du confinement et décide d’assouplir le Code du travail jusqu’à fin 2020. Mais on l’anticipe déjà comme pour l’état d’urgence contre la menace terroriste, le gouvernement souhaitera le mettre dans le droit commun…

Pour être plus clair : l’état d’urgence contre la menace terroriste a permis au gouvernement de mieux surveiller les citoyens. Il a été renouvelé 6 fois et puis maintenant il est passé dans le droit commun. Il a par exemple empêché à des militants écolos de partir en manifestation, fait faire des gardes à vue abusives aux gilets jaunes. Avec ce nouvel état d’urgence le gouvernement décide d’assouplir le Code du travail en passant la durée maximale de travail hebdo à 60 heures. L’employeur peut décider unilatéralement de te mettre en congés ou en RTT pendant le confinement. C’est comme si le confinement pouvait ressembler à des vacances… De plus le repos minimal est passé de 11 heures à 9 heures minimum. J’imagine que c’est surtout pour nos soignants, mais il y avait-il un intérêt à le faire passer pour tous les métiers ?

Dans quelques années, comme la crise sanitaire devrait durer au minimum 18 mois, l’état d’urgence sanitaire va sans cesse être renouvelé. L’économie ne sent remettra pas si rapidement et le gouvernement va alors faire passer ces lois dans le droit commun. C’est un peu ce qu’explique Naomie Klein dans la stratégie du choc.

Les gouvernements exploitent la panique des gens, suspendent la démocratie, imposent des politiques radicales qui enrichissent les 1 %, aux dépens des pauvres et des classes moyennes

Naomie Klein

Bravo… Pardon

Alors comme l’état n’a pas d’argent magique, il manque des masques, des respirateurs, des lits, du gel hydroalcoolique, des tests de dépistages.

Nous demandons aux soignants de bosser, mais les hôpitaux sont pleins à craquer. Les soignants nous supplient de rester chez nous, mais l’état veut qu’on bosse. Les gens se montent les uns contre les autres, les flics font usage d’autorité. Le peuple se divise contre lui même…

Je sors travailler et je juge ceux qui sont dehors, sans savoir si c’est pour faire des courses, pour bosser… je trouve ridicule que les gens fassent des réserves et en même temps je juge les caddies pas assez gros. Alors chaque soir je me soulage la conscience en tapant dans mes mains à 20h. D’abord pour me donner du courage pour partir bosser le lendemain (pour me remercier à l’effort de guerre) et puis pour les soignants, pour les encourager. Mais quand le gouvernement qui a détruit les hôpitaux fait de même, je me dis que ça n’a plus de sens que je continue…

Nous devrions dire pardon plutôt que bravo. Le gouvernement le sait et multiplie les encouragements, il multiplie les bravos, mais ça devient indécent.

Les plaintes

Une de nos possibilités, pour manifester notre mécontentement de la gestion de crise, est de porter plainte quand on estime que le gouvernement est en faute.

Il ne faut pas se tromper, les plaintes ne visent en aucun cas à entraver le gouvernement à faire ce qu’il doit faire. Elles visent à lui dire qu’on est là, qu’on sait, et quand ce sera fini, des procédures avanceront pour faire la lumière sur son incompétence. Il faut le faire maintenant parce qu’ensuite nous voudrions plutôt profiter de notre liberté retrouvée et passer à autre chose. Ils doivent rendre des comptes.

Ces choses arrivent, parce que le gouvernement en place a, pendant des mois, répondu absent politiquement à nos questions, à nos cris d’alarme. Il a passé son rouleau compresseur sur les retraites, le travail, les fonctionnaires, les hôpitaux, l’écologie et la colère qui a grondé pendant les gilets jaunes, pendant les marches, pendant les actions, elle a été à chaque fois réprimée par la violence. Mais cette colère est toujours là, et elle risque d’exploser pendant cette crise sanitaire. Si les employés, les ouvriers, les personnels soignants, les éboueurs, les agriculteurs, les commerçants se mettent en grève maintenant, c’est la fin du gouvernement. Mais l’union nationale, la survie à la « guerre » est pour le moment plus fort.

Les banlieux

Pendant la période de confinement, des policiers aux comportements inadmissibles déchaînent une violence gratuite dans les quartiers contre ses habitants, bien loin des contrôles courtois des grandes villes… Témoignages : https://www.facebook.com/LeMediaOfficiel/videos/2639841539478154/

Parisien migrant

Une des choses qui fait une peut sourire c’est le fait que des personnes quittent leur domicile souvent trop petites pour un confinement vers un domicile secondaire au bord de la plage. Ça créer des situations complexes dans les zones touristiques qui ne sont pas outillées pour nourrir la population en ces périodes, et de guérir en cas d’infection puisque les hôpitaux ne sont pas proches de ces zones.

Certains ironisent en comparant ce déplacement de la population avec les exilés syriens. Maintenant, nous comprenons mieux le syrien qui quitte son pays en temps de guerre pour trouver refuge dans un pays plus clément. Comme les Parisiens qui quittent la ville où le risque est grand pour se réfugier dans une région moins peuplée et donc moins à risque. Alors peut-être que ça en fera réfléchir certains… ou pas. Sinon ils peuvent aller bosser dans les champs suite à l’appel du ministre de l’Agriculture.

Femmes

Ce qui est préoccupant également, c’est le sort des femmes. Le confinement a eu pour conséquence une hausse des violences conjugales, a annoncé Christophe Castaner. « En zone gendarmerie », elles ont augmenté de « 32 % en une semaine », dans la zone de la préfecture de police de Paris, elles ont été en hausse de « 36 % en une semaine ».

Agriculture

Dernière thématique concernant l’agriculture.

Les marchés sont interdits. Personnellement travaillant là-dedans je me sens mieux. Mais d’un côté on laisse aux gens la seule possibilité d’aller se fournir en grande surface. Ces grandes surfaces qui font vivre l’industrie agricole pesticide à la FNSEAa lors que les petits producteurs travaillent principalement sur les marchés. Nous fermons les marchés parce que c’est plus contraignant de contrôler les entrées, même si en réalité c’est possible.

Un autre détail, c’est que le paysan de mon AMAP me dit que le réseau Wwoofing a été interdit. (Wwoofing mes en relation des personnes qui sont volontaires et des paysans bio) donc pour lui plus de Wwoofeur ni de stagiaire. Il manque de main d’oeuvre sur le terrain, même si son réseau qui est assez étoffé lui demande de produire plus de marchandise. En même temps, le gouvernement lance un appel aux chômeurs à aller travailler dans les champs à la place des saisonniers pour un boulot mal rémunéré et à risque. La FNSEA a rapidement lancé une plateforme de recrutement.  Mais le réseau WWOOF n’a pas pu encore reouvrir malgré les relances. On arrive à l’étranglement complet et rapide des petits producteurs qui refusent de se plier aux dictats de l’agriculture industrielle!!

À noter : dans les activités proposées par le FNSEA, il y a…l’épandage de produits phytosanitaires.

Que faut-il faire

Noamie Klein disait : Les gouvernements exploitent la panique des gens, suspendent la démocratie, imposent des politiques radicales qui enrichissent les 1 %, aux dépens des pauvres et des classes moyennes

Ce qu’elle propose de faire pour ne pas se faire avoir par la stratégie du choc :

  • Ne pas être sous le choc, mais accepter la colère. Anticiper ce que le gouvernement va faire contre nos libertés, contre la démocratie et la façon dont il va faire pour nous trouver un ennemi commun
  • Désobéir pour défier les interdictions, sortir de chez soi (mais pas encore 🙂 )
  • Étudiez l’histoire pour comprendre comment les états récupèrent pour eux des actions pour nous mettre les uns contre les autres
  • suivre l’argent, d’où il vient, ou il part. À qui profite le chaos? Qui va devenir plus pauvre et qui va s’enrichir ?
  • Proposez un contre-projet audacieux, pour planifier des alternatives pendant la crise.

Si tu es arrivé jusqu’ici, bravo.

Et pour finir sur une touche d’humour.

Yohan

Ecolo, militant, determiné à changer le monde et en quête de sens
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