#3 – Effondrement

par | 7 Nov 2019 | 0 commentaires

Dans les précédents articles, j’évoquais le verbe et les valeurs d’une vie… de la mienne ! Dans d’autres articles, je parcours des pistes de réflexion sur l’humain, l’écologie, les enfants, les entreprises… Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire sur un sujet que je trouve important, qui articule beaucoup ma pensée actuellement : l’effondrement.

C’est grâce au livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens « Comment tout peut s’effondrer » et la série de vidéos de Clément Montfort NEXT que j’appréhende beaucoup mieux ce concept. On commence à en parler dans nos milieux, certains médias en parlent et ce sont des sujets qui reviennent souvent dans les différents débats.
Je ne suis pas angoissé par un effondrement. Je pense que si l’effondrement me passionne, c’est pour plusieurs raisons : je le vois plutôt comme une opportunité de faire émerger une nouvelle civilisation, un Nouveau Monde, parce que le monde actuel ne me plaît pas. En voici les raisons :

 

  • Politiquement, démocratiquement, je ne me sens pas bien représenté. Doit-on être représenté ?
  • Les populations animales déclinent à une vitesse vertigineuse.
    La banquise fond comme neige au soleil.
  • Nos paysans se suicident et vont en majorité partir à la retraite d’ici 10 ans, nos industries agricoles détruisent les sols.
  • Les entreprises ne permettent pas de valoriser les humains y travaillant, mais ne pensent qu’à l’argent.
  • Les inégalités se creusent de plus en plus…

 

La liste ne s’arrête pas là, malheureusement, mais je pense que tu as saisi le malaise. Une civilisation s’effondre pour une meilleure.

Deuxième chose, l’effondrement c’est aussi un argument pour me convaincre de la cohérence de mon aspiration de vie qui est la création d’une communauté avec la recherche d’autonomie alimentaire, énergétique et l’entraide.

Et enfin c’est passionnant de voir les multiples réactions des gens vis-à-vis de ce sujet qui est naturellement anxiogène.

 

Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ?

 

Personnellement, c’est un de mes mantras. Je pense sans cesse à cette question, mais la réponse que nous apportons collectivement ne me satisfait pas. J’ai l’impression que la société fait l’autruche ! C’est difficile d’imaginer l’impact que nous avons sur notre environnement à travers notre consommation. Et pourtant nous détruisons la planète et l’Homme en achetant des vêtements chez H&M, des objets sur Amazon, des morceaux de viande dans un supermarché, des légumes dans un supermarché… Au fond de nous nous savons et nous voyons l’effondrement arriver, mais nous nous cachons les réalités. Notre consommation personnelle peine à changer, les entreprises ne proposent pas beaucoup d’alternatives. Seules les associations accompagnent vraiment ce changement. L’inaction des « autres » : pays, entreprises, citoyens, voisins… nous conforte dans notre propre inaction et nous attendons trop d’un homme providentiel (le Président par exemple) et des nouvelles technologies pour assurer notre confort et faire le boulot à notre place…

On va se prendre une baffe, tu vas la prendre c’est certains , maintenant tu préfères que je te la mette d’ici (proche) ou de là (éloigné)… 

Nicolas Meyrieux

La Barbe

Préambule à l’effondrement

 

Si notre civilisation est représentée par une voiture avançant à toute allure et l’effondrement la falaise devant nous, nous fonçons droit devant en accélérant de plus en plus et en disant “ça va passer”. Mais le gouffre est immense… Alors on ferme les yeux en imaginant une route de l’autre côté pour nous rattraper.

Je voudrais que nous prenions conscience collectivement des enjeux, des causes, des conséquences et des solutions liés à l’effondrement. Parce qu’avec les travaux scientifiques, toutes les études sur le sujet, nous savons. Nous savons que toutes les crises seront désormais liées. Une crise bancaire peut entrainer une crise énergétique, la crise climatique peut entrainer une crise bancaire et agricole, une crise agricole peut entrainer une crise à la consommation, aux maladies…

Pour comprendre comment l’effondrement peut en entrainer un autre, nous parlons de limite et de frontière. Les limites sont infranchissables : les matières premières sont limitées. C’est le système Terre qui les définit et des scientifiques ont compté 9 voire 10 limites. Nous en avons déjà dépassé 4. Les frontières, elles sont floues, immatérielles et nous les connaitrons une fois qu’il sera trop tard. Le climat en est une et nous ne comprenons pas tous les mécanismes à l’œuvre. Par contre, ce que nous savons, c’est que l’élévation de température au-delà d’un certain seuil peut entrainer des réactions en chaîne. C’est comme tirer sur un élastique : tu tires un peu, puis encore un peu, impossible pour toi de prédire vraiment le moment où il va lâcher et pourtant, si tu le tires à l’infini, inéluctablement il cassera. Le climat c’est la même chose et nous tirons déjà l’élastique fortement. Plus on va tirer plus le retour sera violent.

 

Pour se rendre compte des différents effondrements et pour revenir à la source de toute cette science, voici quelques notions. En 1970, Denis Meadows et d’autres écrivent un livre basé sur des algorithmes et des calculs scientifiques qu’ils nomment : « Les limites à la croissance » aussi connu sous le nom de « rapport Meadows ». L’illustration représente le modèle du rapport Meadows. Ce rapport est de temps en temps affiné et peaufiné avec les nouvelles données et pour le moment, il colle assez bien à la réalité. Entre 2010 et 2030 nous attendrons un pic de plusieurs éléments : la population, les services, la nourriture, avant de décroitre drastiquement pour retrouver un équilibre.

Maintenant que quelques bases sont posées, je peux décrire les différentes crises et effondrements qui nous pendent au nez.

L’effondrement climatique et de la biodiversité

Plusieurs facteurs peuvent mener à un effondrement climatique : la température moyenne sur Terre et le taux de CO² augmentent. La pollution humaine dans les villes, la déforestation dans des pays en développement et la mal-forestation dans les pays occidentaux comme la France ne permettent pas de compenser la pollution et d’absorber convenablement le carbone et les particules fines… Nous ne maitrisons pas les conséquences d’un réchauffement à +2°C ou +5°C et c’est pourtant ce qu’on pourrait attendre en 2050.

Il y a 20.000 ans, au maximum glaciaire, la température moyenne était de 5°c de moins qu’aujourd’hui

Jean Marc Jancovici

Nous connaissons déjà certaines conséquences puisque l’effondrement climatique et écologique est déjà en cours : nous avons un accroissement des tempêtes, des inondations, des feux de forêt, des canicules. Le dérèglement climatique entrainera une disparition des espèces sauvages qui n’arriveront pas à s’adapter aussi rapidement. Aujourd’hui, nous parlons déjà de la sixième extinction de masse d’espèces sur la planète dûe à plusieurs facteurs : la pollution et l’espace que prend l’humanité dans son développement. Les populations d’insectes ont disparu à 80%. Au final, 60% des populations d’animaux sauvages sur Terre ont déjà disparu.

Le climat va entrainer des migrations de populations humaines à cause de la montée des eaux, des températures extrêmes et de la raréfaction des ressources en eau. Comment réagiront les pays occidentaux ? Des millions, voir des milliards de personnes vont devoir se déplacer, alors que nous avons déjà du mal à accueillir des milliers de migrants. La Turquie et la Libye font pression sur nous pour garder en leur sein ces flux migratoires, mais demandent des contreparties à l’Europe. Nous parlons de potentielle guerre pour éviter les migrations.

Le GIEC, qui synthétise la recherche scientifique (des milliers d’études) des dernières années, a sorti un dernier rapport pour savoir comment éviter l’augmentation de 1.5°C et nous avons seulement 2 ans (fin 2021) pour trouver des solutions et surtout pour inverser la courbe de pollution et de CO². À ma connaissance, aucun des gros pays n’a respecté les accords de Paris (COP21) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et c’est même le contraire qui se passe.

L’effondrement démographique

Pouvons-nous vivre sur Terre à plus de 10 milliards de personnes ? Ce sera le nombre de personnes sur la planète en 2050. Si les citoyens avaient une consommation équivalente aux Français, la réponse est clairement non. Même Mars ne suffirait pas puisqu’il nous faudrait 3 planètes. Nous sommes pourtant capables aujourd’hui de nourrir 12 milliards de personnes avec notre agriculture. La solution se trouverait dans la baisse de la consommation d’un côté et dans une meilleure répartition de l’agriculture et de l’exploitation animale. Mais une autre question doit-être posée ! Celle de l’espace que l’homme prend pour vivre ? Plus nous serons nombreux et moins d’espaces existeront pour les espèces animales, pour les végétaux, pour la nature. Le panda en est un parfait exemple puisque les populations chinoises ont réduit drastiquement les zones de vie des pandas en divisant les forêts et en s’installant proche des zones de vie de ces animaux.

Les humains se retrouvent trop concentrés dans les villes et paradoxalement, ce sont dans les endroits où il y a une grande concentration d’habitants que nous cherchons à recrée du lien social parce qu’il s’est perdu. Plus il y a d’hommes et de confort, plus nous sommes individualistes. Comme dans la nature, quand il y a trop d’espèces présentes dans un espace, elles rentrent en concurrence alors que dans des espaces moins peuplés et plus hostiles elles s’entraident.

Je me demande s’il existe des études qui montrent qu’à partir d’une certaine densité d’humains sur une surface donnée, les liens se perdent et les conflits apparaissent plus facilement.

La crise de la consommation

Il est difficile pour chacun de se rendre compte des conséquences de sa consommation. Entre l’extraction de la matière première, jusqu’à notre consommation, il existe beaucoup d’étapes et d’intermédiaires et c’est souvent opaque pour nous. Cette complexité favorise les absurdités et les monstruosités : élevage des animaux, abatage, précarisation des humains, esclavagisme, travail d’enfant… Quand j’y regarde de plus près, je suis effrayé par la réalité de ma consommation. Mes choix impactent lourdement les vies des autres personnes à l’autre bout du monde. C’est ainsi que pour subvenir à nos besoins, certaines personnes parlent d’esclaves modernes, comme Jean Marc Jancovici. Ces travailleurs gagnent un salaire de misère qui ne leur permet pas se loger, ni de se nourrir convenablement… L’industrie du textile, l’industrie des nouvelles technologies font fortune sur cette misère. De plus les conditions de travail sont écœurantes et certains sont même morts lors de l’effondrement d’un bâtiment où ils travaillaient (Rana Plaza en 2013 au Bangladesh). Des enfants fabriquent nos jouets, extraient les matières premières de nos smartphones… alors que chez nous le travail des enfants est sévèrement puni. Même si nous pouvons dire que l’esclavagisme a disparu, comment qualifier ces travailleurs qui nous apportent confort et plaisir ? Pour en ajouter une dernière, les pays modernes se targuent de réduire nos poubelles, mais ce sont ces pays pauvres qui stockent nos poubelles plastiques et nos déchets électroniques. Dans le pire des cas, ces plastiques atterrissent dans l’océan et, s’ils ne tuent pas les poissons, ces derniers s’en nourrissent pour ensuite nous nourrir.

Nous consommons chaque année plus que ce que la Terre peut produire en une année. On appelle le « jour du dépassement » le jour où nous consommons l’équivalent d’une année de production pour la planète. Cela veut dire qu’une fois ce jour dépassé nous vivons à crédit sur le dos de la Terre. Cette journée était le 29 juillet en 2019 et il nous faudrait 3 Terres pour subvenir à la consommation des Français.

Un outil existe pour calculer le nombre d’esclaves dont tu as besoin pour assurer ta consommation. J’ai fait le test et j’en ai 16 et c’est déjà beaucoup trop. (Il faut penser à affiner les réponses en cliquant sur le bouton à gauche). Deux outils te permettent de calculer combien de Terres tu as besoin pour te nourrir et vivre. Un qui est proposé par footprintcalculator et l’autre par le WWF. Il me faut 1.55 planètes sur le site WWF et 1.7 planètes sur footprint calculator.

Crise des inégalités

Aujourd’hui, 8 personnes au monde détiennent autant de richesses que la moitié de la population. Quand des personnes hésitent à acheter le plus grand yacht du monde, d’autres n’arrivent pas à manger. Pendant que certains financent la mode, la « culture » et l’« art » pour payer moins d’impôts, d’autres ne savent pas lire… Ce n’est pas ma faute, mais ça m’exaspère et j’ai honte de vivre dans un pays qui laisse faire ça. Les états s’endettent de plus en plus auprès des banques, et ces banques fabriquent de l’argent virtuel, notamment grâce à la spéculation. Les entreprises du CAC40 peinent à remplir les carnets de commande, licencient et distribuent de plus en plus de dividendes tout en bénéficiant des aides de l’état. À titre d’exemple en 2018, alors que le gouvernement applique un programme d’austérité pour relancer l’économie et qu’il propose des aides (CICE) aux entreprises, les dividendes ont augmenté de 12%. Les actionnaires se gaveraient-ils avant la prochaine crise ? Est-ce qu’il moral de s’enrichir pendant que d’autres s’appauvrissent ? Souvent j’entends : nous avons besoin des riches pour l’investissement. Seulement je ne suis pas d’accord de laisser le pouvoir d’investir à une minorité qui n’a pas les mêmes intérêts que les 99 % autres. Pourquoi faire confiance à des gens qui, pour acquérir la richesse, ont fatalement empêché d’autres de mieux vivre ? Est-ce normal que Renault décide d’augmenter son PDG alors que les salaires des salariés sont gelés depuis des années ? Si l’argent était mieux réparti, l’investissement le serait aussi, et les projets locaux seraient mieux rétribués. Aujourd’hui le système marchand est verrouillé par les spéculateurs, et nous n’arrivons pas à basculer vers un monde plus vert.

Crise bancaire

Suite à la crise financière de 2007-2008 nous avons réalisé à quel point toutes nos économies étaient liées et que l’effondrement d’une place de marché pourrait entrainer l’effondrement d’autres. De plus, notre système économique mondialisé, capitaliste, ne cesse d’accroitre les inégalités et les peuples commencent à se mobiliser pour que cela cesse : la colère gronde (Printemps arabes, Gilets Jaunes…). Ce sont les PME qui créent la valeur et la richesse du pays puisqu’elles représentent 57% de la valeur ajoutée, 65% des emplois marchands et 82 % des emplois créés. Et pourtant ce sont les multinationales qui nous dictent les lois et qui bénéficient le plus des aides de l’État comme le CICE. L’économie peine dans sa croissance et les multinationales rachètent les plus petits, entrainant des monopôles dangereux. Bayer et Monsanto : je vous nourris de saletés puis je vous en soigne…

La crise de la représentativité

Je trouve que nous ne sommes pas en démocratie. Au sens littéral du terme : le pouvoir du peuple par le peuple. Est-ce possible ? Ceci est une autre question, mais j’aimerais que nous arrêtions d’appeler notre régime une démocratie. Appelons-le « Oligarchie » ou « Ploutocracie ». Le pouvoir des élites pour contrôler le peuple. Le pouvoir des 1% face aux 99%. De plus en plus de personnes ne vont plus voter, le vote blanc n’est même pas pris en compte et nous devrions tous les 5 ans choisir un candidat parmi ceux qui se présentent. En réalité nous ne pouvons pas présenter sérieusement un candidat citoyen. Ce sont plutôt les élites qui choisissent pour nous.

Macron, comme tous ses prédécesseurs, a été mal élu. Il a été élu au premier tour avec 24% des votants, ce qui correspond à seulement 18% des inscrits. Je pourrais rajouter que seulement 54% des citoyens qui ont voté Macron l’ont fait pour ses idées (ce qui fait que seulement 10% des inscrits voulaient le programme de Macron)… Le système actuel ne permet pas de faire élire une personne dans de bonnes conditions.

Notre système démocratique est à bout de souffle et je me pose certaines questions :  pourquoi élire UN président, qui nous représente, alors que le monde est complexe ? Pourquoi une seule personne peut déclarer la guerre ? L’assemblée est une caisse d’enregistrement des lois et le sénat est un contrepouvoir, mais plutôt conservateur masculin. La constitution qui nous permet de fixer les règles de la représentation est réécrite par les représentants et non les représentés.

Les médias, les gouvernants et les patrons de multinationales forment un groupuscule qui dirige tout. La majorité des médias de grande écoute français sont détenus par des milliardaires : Bolloré, Niel, Pigasse, Dassaut, Drahi… Macron déjeunait toutes les semaines avec Niel et Arnault… Les liens entre les médias et les politiciens sont étroits. Pourtant les journalistes sont en majorité de gauche, mais les éditorialistes sont en grande majorité de droite. Et nous n’entendons que les éditorialistes à la TV. Nous subissons actuellement une crise importante des personnes qui sont censées nous informer (journalistes) et de ceux qui doivent nous représenter (élus). Je pense que ces deux crises sont liées : nos représentant sont visibles grâce aux médias, les médias rapportent la parole des politiciens. Alors, naturellement l’opinion n’aime ni les politiciens, ni les médias (éditorialistes)

L’effondrement agricole

Il existe déjà une large part de la planète qui mange « bio » (sans pesticide) : tous les pays « sous-développés » qui n’ont pas les moyens de se payer engrais et pesticides ! Et chez nous, l’agriculture non bio n’est pas si vieille : elle ne date que de quelques décennies seulement, car avant la Seconde Guerre mondiale nous n’avions ni engrais ni pesticides de synthèse.

Jean Marc Jancovici

Notre agriculture de plus en plus mécanisée en occident tue de plus en plus le vivant et les terres. L’épandage de pesticides et le labour détruisent le sol. Dans le même temps, dans notre budget, l’alimentation ne représente que 17% alors qu’il y a quelques années, cette part était de 30%. Pour baisser le prix, nous avons baissé la qualité, et la concurrence de pays étrangers détruit notre agriculture. L’empreinte écologique n’est pas payée à son juste prix puisqu’une tomate en plein été venant d’Espagne ou du Maroc sera moins chère qu’une tomate bio de France. Et si nous voulons de la qualité, une incohérence persiste : très peu de personnes veulent faire ce travail. La paysannerie ne représente que 3.6% de la population active, et tous les 2 jours, un paysan se suicide. Dans 10 ans, 1 agriculteur sur 2 partira en retraire et sûrement sans repreneur. Comment nourrir autant de personnes avec plus de qualité sans ferme ? Alors les multinationales s’emparent des terrains, agrandissent les parcelles, et mécanisent de plus en plus le métier. 61-80 ha est la moyenne en France pour un paysan, pourtant la majorité des fermes dans le monde sont des micros fermes de 0.5 ha. Une grande partie de nos champs servent à nourrir nos animaux d’élevages et notre alimentation est trop carnée. Ce n’est que très récemment que la « tradition » du morceau de viande par repas existe puisqu’avant ce siècle nous mangions principalement des légumes. Produire une calorie de viande nous demande d’en utiliser 10 d’énergie extérieure.

On ne fait plus d’agriculture, on fait de la gestion de pathologie végétale, ce qui n’est pas la même chose. C’est-à-dire qu’il faut amener au silo une plante malade, il faut traiter au bon moment, etc. Donc vous ne mangez que des plantes malades et que des animaux malades. Donc ça fait des gens malades permettant à la médecine de vendre ses médicaments et donc comme ce sont les mêmes boîtes qui font tous les produits… Cycle magnifique, ça !

Claude et Lydia Bourgignon

Solutions locales pour un désordre global

L’effondrement des ressources naturelles

L’extraction du pétrole coute de plus en plus cher et à l’échelle industrielle aucune énergie n’arrive à le remplacer. Il est admis par la communauté scientifique qu’il faut laisser au moins la moitié des énergies fossiles dans le sol sinon l’effondrement climatique sera encore plus catastrophique… Le problème : toute notre économie est basée sur le pétrole. Nos véhicules et ceux des agriculteurs ont besoin de cette énergie, les plastiques, nos emballages, les transports de marchandises, nos bateaux, nos téléphones portables, nos voitures… En réalité tout est fabriqué directement ou indirectement à partir de pétrole. Au début de l’ère pétrolière, il nous fallait 1 baril pour en récolter 100. Aujourd’hui il en faut 1 pour en récolter de 8 à 100 (cela dépend de la zone). Des recherches mettent en évidence que plus ce taux diminue, plus la ressource devient chère. Et un chercheur, Thomas Homer-Dixon, montre que certaines civilisations se sont effondrées au moment où ce taux a diminué, quelle que soit l’énergie utilisée. Notre système occidental a besoin de 12/1 pour pouvoir fonctionner, passé en dessous nous allons devoir faire une croix sur certaines choses.

S’ajoute à cela la pénurie annoncée des matières premières. Le cuivre devrait commencer l’épuisement en 2040l’argent en 2021, l’or en 2025, l’aluminium en 2139, l’uranium en 2040… Sans alternative politique la situation risque de devenir intenable : les populations commencent déjà à se mobiliser contre la hausse des prix du pétrole, mais quand les puits s’épuiseront, la ressource sera plus chère et si notre consommation ne diminue pas je me demande comment allons-nous survivre.

Exemple

Notre modèle de société est très dépendant du pétrole. Dans le livre « Comment tout peut s’effondrer » les auteurs font une description d’une pénurie de pétrole appliquée à une grande ville :

 

  • Premières 24h :
    • Plus de fournitures médicales dans les hôpitaux
    • Les stations-service commencent à manquer de carburant
    • Certaines usines sont en pénurie de pièces
  • 1 jour :
    • Commencent les pénuries alimentaires
    • Le prix des carburants flambe parce qu’il en manque de plus en plus
    • Chômage technique dans les usines parce qu’il manque des pièces
  • 2 jours :
    • L’eau en bouteille, la viande disparaissent des magasins
    • Plus de billets dans les distributeurs
    • Plus de carburant
    • Les poubelles s’accumulent
    • Les bateaux sont bloqués aux ports
  • 1 semaine :
    • Les automobiles cessent de rouler, les bus aussi. Les gens ne se rendent plus au travail et ne peuvent plus faire les courses.
    • Les hôpitaux manquent d’oxygène
  • 2 semaines :
    • L’eau potable commence à manquer
  • 4 semaines :
    • Plus d’eau potable, entrainant des maladies alors que les hôpitaux sont en grande difficulté

Aujourd’hui l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant

Pablo Servigne

Effondrement général

J’imagine que tu le sens également, toutes ces crises et ces effondrements : écologique, économique, démocratique, énergétique, alimentaire, démographique auront déjà des conséquences dramatiques. La question qu’on se pose tous, c’est QUAND ? Difficile à dire… mais il y a une certitude : en 2050 le système se sera effondré.

Alors quelle sera la suite : un chaos s’en suivra ? Les nationalistes d’extrême droite seront au pouvoir ? Nous nous entraiderons ? Des guerres éclateront ? Internet fonctionnera toujours ? Que deviendront nos technologies ? Une certitude pour moi, le monde capitaliste disparaitra ou l’humanité en prendra un sacré coup.

Mais nous n’en sommes pas encore là, et pour éviter la claque monumentale que nous allons prendre, nous pouvons agir, localement, individuellement et collectivement. Les jeunes prennent leur destin en main et un combat est en train de se lancer : le Nouveau Monde contre l’Ancien Monde – les altermondialistes, les anarchistes, les anticapitalistes, les écologistes, les pacifistes, les antifascistes, les féministes contre les libéraux, les conservateurs, les autoritaires, les fascistes, les nationalistes… Nous devrions être en colère contre les générations passées, pour ne pas répéter les mêmes erreurs, pour ne pas fuir, et pour sortir du fatalisme, mais nous devons construire ensemble. Nous devrions pleurer pour nos enfants, de les laisser une Terre en piteux état, mais nous n’avons pas le temps et nous avons besoin d’agir. Nous devrions accompagner nos enfants depuis la maternelle à faire différemment, à prendre soin des autres et de la nature au lieu de raisonner  les adultes de plus de 50 ans qui changeront très difficilement et ne feront pas grand rien.

 

Le monde de demain que nous décrivons (nous écologistes), séduis de plus en plus, aussi parce que le monde que nous promet le capitalisme est désastreux et utopiste. Nous sommes déterminés, radicaux (au sens premier du terme) et si tu veux en faire partie, je te propose quelques solutions dans un prochain article.

Yohan

Ecolo, militant, determiné à changer le monde et en quête de sens
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